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PASSAGE DE L’HOMME

teaux !… Dis, ces bateaux, Geneviève, dont l’un sans doute nous portera aux Iles !

« J’ai cru même, je ne dis cela qu’à toi : l’Homme sourirait — j’ai cru même entrevoir les Iles, un soir que la lumière était plus pure encore : une bande toute rose sur laquelle tournaient des oiseaux, des oiseaux blancs aux ailes immenses.

« Geneviève, j’ai une grande nouvelle à t’annoncer. Bientôt, mais pas très tôt je crois, dans le temps de ce pays-ci, bientôt nous viendra un petit enfant. Je le sens s’agiter en moi. Il nous semble que c’est une fille. L’Homme est content.

« Annonce cette chose à nos parents. Je pense à eux, je m’efforce de penser à eux, mais c’est difficile quelquefois. Quelquefois même, je me demande s’ils vivent encore. Et quelquefois aussi, te dirai-je tout ? il me semble que je ne reviendrai pas. Mais ne t’arrête pas à ces choses : cette vie en moi m’a changée toute ».

Et puis, tenez, voici la lettre, la courte lettre où l’Homme nous dit qu’un petit garçon leur est né… Vous avez lu ? « Un peu de patience, écrivait-il, Claire vous donnera des détails. » Pendant deux mois, j’attendis la lettre de Claire. Je me disais : peut-être qu’elle s’est