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PASSAGE DE L’HOMME

sais plus ce qu’il me dit. Sur le moment, je compris tout. Je me rappelle avoir fait oui de la tête, parfois. Je me rappelle qu’il parla des choses de leur vie, là, dans la terre, de choses aussi, d’une autre vie encore, et qu’il commençait à connaître. Je me rappelle que, pendant qu’il parlait, tout s’éclairait, jusqu’à ces grands malheurs que nous ne comprenons pas. Oui, le lendemain, je pourrais dire aux hommes : « Voilà ce qu’il nous faut savoir, et voilà ce qu’il nous faut faire. » Et j’étais plein de la joie de celui qui s’avance avec une bonne nouvelle, avec la bonne nouvelle que personne n’osait plus attendre. Quand il partit, je ne savais plus rien. Il me semble que Celui des Hauts, après avoir parlé, chanta. Et ses chants, que je reconnaissais, s’épaississaient sur ce que j’avais appris. Et je le sentais, et je tâchais de ne pas écouter, mais je n’y pouvais rien du tout. Quand il partit, j’avais tout oublié. Et depuis il n’est pas revenu. »

Il devait revenir plus tard, un mois après, aux environs de la Toussaint, et plus fripé encore, nous dit le Fossoyeur, et d’un jaune sec, du jaune des choses qu’on touche et qui tombent en poussière, et l’odeur qu’il traînait après lui, était de cire encore, mais mêlé d’une senteur… « C’était la senteur des