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PASSAGE DE L’HOMME

Fossoyeur, et un dur vent parmi les arbres. Et tous les morts dormaient tranquilles. Je me recouchai. Ça vous arrive de vous figurer des choses, et peut-être que j’avais rêvé. Je dus dormir, je ne sais pas combien de temps, une heure peut-être, et le même bruit me réveilla. Et, de nouveau, j’ouvris la fenêtre. Et alors il me sembla que quelqu’un courait derrière la maison. C’était la fuite précipitée d’un homme qui se cogne aux choses. Et puis il y eut un silence, et, dans le silence, un rire… ah ! un rire qu’on ne peut pas dire ! Je n’ai pas peur ; de vivre toujours avec les morts, ça vous donne du courage plus qu’aux autres, mais je refermai la fenêtre, et je m’assis claquant des dents, sur ma paillasse, attendant que l’autre revînt. Je pensais qu’il allait de nouveau frapper, que le bruit, même, serait un bruit qu’on n’entend presque pas, qui vous effraie plus qu’aucun autre. Ce bruit, je l’entendais déjà, mais les volets s’ouvrirent soudain, dans un fracas, et le corps de Celui des Hauts, vous savez, celui qui chantait, qui était si bien dans sa tombe, son corps fripé, et flasque, et jaune, et qui sentait comme une odeur de cire, fut projeté de l’extérieur, et retomba sur la paillasse, tout près de moi. Et Celui des Hauts me parla. Et il me dit… Je ne