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PASSAGE DE L’HOMME

et le chien mit sa tête sur ses genoux : « Et toi aussi, tu es bien fatigué ! Quelle drôle d’idée a eue là Geneviève ! Quelle longue promenade ! » J’eus grand’peine à la faire relever.

Le Curé fut presque aimable avec nous : c’était là sa victoire à lui. Il n’était pas méchant, c’était seulement un homme qui n’y voyait pas clair. Et il eut pitié de nous, à cause de la joie qu’il avait. « Où allez-vous passer la nuit ? » Il obtint d’un fermier une grange. Peut-être pourrais-je travailler là. « Mais pas avant dimanche, n’est-ce pas, car il faut que vous répariez. Quand vous serez en paix avec Dieu, alors, ma fille, tout deviendra possible. »

Je réparai. Je m’étais confessée la veille. Il me fallut, à la grand’messe, rester à genoux au fond du chœur. La Mère était au banc des pauvres, toute seule. Et le Curé prêcha sur nous, mais sans colère, avec des paroles de pardon. L’église avait un air de fête. Plusieurs grandes personnes communièrent, et des enfants. Aux vêpres, il y eut procession. Les gens pensaient : « Le Bon Dieu va avoir pitié », mais, le soir même, un tout petit mourut de l’étrange mal, et, dans la quinzaine qui suivit, il y eut encore deux enterrements. Nous entrions dans un nouvel hiver. Je