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XIV


Au matin, je voyais bien clair : il fallait s’en aller d’ici. Pour quel pays ? Partir pour au-delà du Fleuve ? La Mère ne le supporterait pas : c’était trop loin, et, dans un pays étranger, comment serait-on avec nous ? Rien d’autre à faire que de remonter au village. Ah ! si Claire et l’Homme avaient su ! Mais ils avançaient sur les routes, à chaque matin plus loin de nous, plus proches des Iles, plus proches, aussi, de leur retour.

Nous arrivâmes là-haut un peu avant le soir. Je m’arrêtai chez le Maître d’École. Je pensais qu’il serait moins dur pour nous, qu’il comprendrait, et qu’il parlerait au Curé. Il nous reçut sur le perron. C’était le « cours ». Quelques gamins, au fond de la classe, et un jeune homme : le seul adulte. L’Instituteur se retournait parfois vers eux, pressé d’en finir avec nous : « Que voulez-vous ? Je n’y peux rien. Je n’y suis pour rien. Toutes ces histoires… » Il devint rouge soudain, d’une