Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
PASSAGE DE L’HOMME

des Iles, et une Chose des Iles, c’était beau comme de la lumière, seulement il y avait là-haut le Maître d’École et le Curé ; c’était des gens qui parlaient bien et qui avaient fait des études, et il était difficile de leur résister. Et il y avait aussi les méchantes gens, ceux qui sont jaloux ! Et il y avait encore la Maladie ; par elle les méchantes gens étaient devenus pires, et les bonnes gens eux-mêmes commençaient à douter.

Marie la Carrière — c’était son nom — remonta l’après-midi au village. Nous la suivîmes longtemps des yeux, sur le sentier qui grimpe vers l’Église, mais pas une fois elle ne se retourna : c’était une créature de peur. Si nous la vîmes plus tard, ce fut la nuit, en grande hâte, et ses yeux étaient pleins d’effroi. C’est ce soir-là qu’avec la Mère, l’Homme décida de s’en aller. Claire et lui partiraient à l’aube. Quand la nouvelle serait connue là-haut, tout redeviendrait comme avant : « Voyez, la Mère, disait l’Homme, je ne vous aurai pas apporté de bien grandes joies : si je n’étais pas venu ici, si vous ne m’aviez pas accueilli, la vie serait toute calme encore, et vous garderiez votre fille ! » Il disait cela d’un ton allègre, et en souriant, comme quelqu’un qui ne veut pas s’émouvoir, et puis il s’arrêta soudain, et les larmes montaient à