Page:Groulx - Mes mémoires tome IV, 1974.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
352
mes mémoires

conception de l’Histoire ». Faute de publicité, le premier cours passa presque inaperçu. Le deuxième, devant un public averti, obtint grand écho et dans les journaux et à la télévision. M. Brunet voulut bien m’écrire : « Permettez-moi de vous dire une fois de plus combien ces deux rencontres ont marqué nos étudiants et le département d’histoire est heureux d’avoir pu marquer un anniversaire important de notre histoire intellectuelle (30 déc. 1965). » J’éprouvai grand plaisir à évoquer cette histoire lointaine devant une salle comble de professeurs et d’étudiants. Le spicilège de ma secrétaire a conservé de l’événement une abondante documentation.

Mon rôle à l’Institut d’histoire de l’Amérique française

Une œuvre eût pu suffire à l’occupation de mes derniers jours : la Revue d’histoire de l’Amérique française. Je n’y écris pas de longs articles, n’ayant plus les moyens de m’adonner aux longues recherches. Je contribue plutôt à la rubrique des « Livres et revues », y fournissant à chaque livraison pas moins de 10 à 15 pages. Mon rôle consiste davantage en une surveillance générale de l’œuvre, au choix des articles insérés dans chaque livraison, à la revue des placards et de la mise en pages.

Ma contribution principale, je la donne à l’Institut. L’on voulait qu’il fût un centre de recherche en histoire ; il l’est devenu. Il ne se passe guère de semaines où deux ou trois fois ne se présente un étudiant en préparation d’une simple étude, d’une thèse de licence ou de doctorat, à la recherche d’une bibliographie, de renseignements, de conseils pour ses travaux. On vient consulter le vieil historien. Mon avantage est d’avoir fait ce que l’on pourrait appeler le « tour du jardin ». Les conditions miséreuses où j’ai dû accomplir ma besogne de pionnier ne m’ont point permis de pousser très loin mes recherches sur maints sujets. Mais je crois posséder des notions, quelques clartés sur à peu près tous les sujets ou problèmes de l’histoire canadienne. Mes trente-cinq ans d’enseignement et de recherches assidues m’ont rendu familières les avenues du vaste champ. On fait donc appel à mon expérience. Et je l’avoue, c’est un des grands plaisirs de la fin de ma vie que de me trouver en présence de ces jeunes esprits et de leur ouvrir quelques chemins de lumière. En-