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troisième volume 1920-1928

de l’ACJC et celui d’ouverture au Congrès de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal. À la jeunesse je tiens des propos optimistes, du moins si j’en crois L’Action française (XII : 52-53) :

Cette invite à l’optimisme, dit un compte rendu, nul ne l’a faite plus vibrante que M. l’abbé Groulx, à la séance de clôture.

À la Saint-Jean-Baptiste, je traite ce sujet : « Nos devoirs envers la race », dont on trouvera le texte dans mes Dix ans d’Action française. Je résumais mon discours en cette formule : « Notre premier devoir envers notre race, c’est d’en être. » Parmi tous ces discours je devrais encore rappeler ici celui que je prononçais au Cercle universitaire de Montréal, le 17 mai 1928, au soir de mon vingt-cinquième anniversaire de sacerdoce. Après la grand-messe célébrée par moi-même à l’église du Saint-Enfant-Jésus et le sermon de l’abbé Perrier, le reste de la journée s’était déroulé en forme de petit congrès de l’Action canadienne-française. Et c’est par un banquet offert par la même Ligue que l’anniversaire se clôturait. Quel bavard, bon Dieu, l’on aura fait de moi !

Comment pouvais-je soutenir pareil effort ? Je me le demande encore aujourd’hui. En 1925, littéralement débordé, je demande un répit à nos amis. Je le demande pour mettre la dernière main à des ouvrages en cours de publication (L’Action française, XIII : 62). Car il était bien entendu que cette activité ne devait nuire en rien — du moins je m’y efforçais — à mes travaux d’histoire. Je garde toujours mes cinq ou six cours publics : ce qui m’oblige pratiquement à la rédaction d’un volume d’histoire chaque année et à des séjours prolongés aux Archives d’Ottawa. Mais depuis 1920, date de la réorganisation de l’Université de Montréal, j’ai désormais des étudiants à qui je donne un cours par semaine. Comment ai-je pu tenir ? Si la Providence ne s’en est pas mêlée, j’avoue n’en rien savoir. Le répit demandé ne dure guère. J’ai bien conscience toutefois que mon travail d’historien en souffre et que je ne pourrai dépasser les dix ans promis à l’Action française. D’aucuns m’objecteront, sans doute, qu’à tout prendre, ces discours ne me coûtaient pas cher, que le thème n’en variait guère. Je brosse, en effet, des tableaux d’histoire canadienne ; je rappelle nos origines, j’évoque l’héroïsme des pionniers ; je trace les grandes lignes de notre éman-