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quatrième volume 1920-1928

ver place ailleurs et que j’essaierai de résumer avec le plus de concision possible.

La revue, je l’ai dit, connut des progrès rapides. Très petite chose, à ses débuts, une revuette, presque un tract avec ses 32 pages en 1917, elle passe, dès sa deuxième année, à 48 pages, puis à 64 en 1921. À partir de cette date, ce sont deux tomes, chaque année, qu’il faut porter à la reliure. Elle en restera là ou peu s’en faut jusqu’à la fin de 1928, année de sa disparition. En ses plus beaux jours, L’Action française parvint à recruter jusqu’à 5,000 abonnés : ce qui, pour l’époque et dans l’histoire des revues d’idées au Canada français, est un faîte rarement dépassé.

Toute l’œuvre de la Ligue a pris et très tôt une vigoureuse expansion. Saint Joseph ne lui a pas nui. Chaque printemps, les directeurs de la Ligue se rendent en groupe à l’Oratoire du Mont-Royal. Ils vont confier à l’économe fertile de la Sainte Famille, les intérêts matériels de leur œuvre. L’abbé Perrier dit la messe. Presque tous communient. Acte de dévotion qui n’a rien que de légitime de la part d’hommes qui se livrent à cette entreprise d’apostolat intellectuel avec un désintéressement total. D’abord le pauvre sous l’escalier au Monument National, ai-je dit plus haut, puis logée à l’édifice Dandurand, coin Sainte-Catherine et Saint-Denis, puis à l’édifice de La Sauvegarde, la Ligue d’Action française établit ses quartiers, en 1921, au no 369 de la rue Saint-Denis, dans un immeuble dont elle devient propriétaire. C’est là que ses éditions, sa Librairie et ses autres moyens de propagande prennent leur plein essor. J’ai mon bureau au deuxième étage. Deux fois la semaine, je m’y rends recevoir clients et amis. La Ligue a multiplié ses groupes d’Action française. Le groupe de Paris, appelé le Comité de propagande en France, prolonge son existence du moins jusqu’en 1927. Dans la province, on recense le groupe des étudiants de l’Université de Montréal, les groupes de Mégantic, de Coaticook, quelques autres dont je ne parviens point à retracer l’histoire. J’en retrouve un autre, en tout cas, à l’extérieur, fondé par un jeune Franco-Américain.

La revue reste, cela va de soi, le moteur dynamique de l’œuvre. Reproduire à la file les éloges qu’on lui prodigue ne serait guère manifestation de modestie. Ne retenons que ceux-là seuls qui