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troisième volume 1920-1928

importance, le directeur de la revue ne manquait pas d’en publier un portrait littéraire. On sait le public friand de ces sortes de morceaux. Il s’agissait de donner un peu plus de piquant à une revue d’idées. Ces portraits, le directeur ne se chargeait pas toujours de les brosser. Il s’adressait à un intime ou à quelque bon connaisseur du personnage. Je ne cache point une autre de ses intentions qui était de rétablir, en une certaine mesure, la hiérarchie des valeurs. Hier comme aujourd’hui, les journaux, les agences de presse fabriquent si facilement leurs grands hommes, et voire leurs idoles. Les moindres pantins de la politique, les clowns du cinéma ou des petits théâtres, les athlètes du football, du baseball ou du hockey, quand ce ne sont pas les tristes gloires du gangstérisme, tiennent facilement l’avant-scène. La foule a besoin de savoir où logent le vrai mérite, la réelle grandeur. La présentation des vedettes, de quelques-unes au moins, voulait satisfaire ce besoin. C’est ainsi qu’en parcourant les vingt volumes de L’Action française, les amateurs de ces sortes de galeries verront défiler, au hasard de leur apparition sur la grande scène : Édouard Montpetit, Henri Bourassa, le sénateur Belcourt, sir Joseph Dubuc, Rodolphe Lemieux, Olivar Asselin, Ernest Lapointe, Thomas Chapais, Pierre-Georges Roy, Arthur Meighen, MacKenzie King, Jacques Maritain ; et parmi les personna-