Page:Groulx - Les rapaillages, 1916.djvu/10

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
11
LA LEÇON DES ÉRABLES



Gardons toujours les mots qui font aimer et croire,
Dont la syllabe pleine a plus qu’une rumeur.
Tout noble mot de France est fait d’un peu d’histoire,
Et chaque mot qui part est une âme qui meurt !

En parlant bien sa langue on garde bien son âme.
Et nous te parlerons, ô verbe des aïeux,
Aussi longtemps qu’au pôle une immortelle flamme
Allumera le soir ses immuables feux ;

Que montera des blés la mâle villanelle,
Que mugira le bronze en nos clochers ouverts,
Et que se dressera dans la brise éternelle,
Le panache hautain des grands érables verts !