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L’APPEL DE LA RACE

lisaient la grande nouvelle du jour. Les petits vendeurs de journaux agitaient à la main le Citizen, The journal, le Droit. À tue-tête, ils criaient la large manchette que les feuilles de la capitale iraient, ce soir ou demain, afficher par tout le pays : Grave incident dans la question scolaire. Démission du Sénateur Landry de la présidence du Sénat.

Lantagnac dont l’étude se trouvait à deux portes, s’arrêta, lui aussi, devant le placard. La commotion qu’il en reçut retentit jusqu’au plus profond de son être.

— Déjà ! se dit-il.

Il réfléchit un instant et il ajouta :

— Si Landry s’est résolu à cette détermination suprême, c’est donc que des événements graves se préparent.

L’on allait vivre, en effet, un nouvel épisode dramatique de la bataille engagée dans Ontario, depuis l’édiction du fameux Règlement XVII. Chacun se rappelle au Canada les principales prescriptions de ce Règlement. Le but suprême de la loi, but hypocritement caché derrière les considérants préliminaires, c’était, en propres termes, l’élimination graduelle de l’enseignement du français dans les écoles bilingues de la province ontarienne. Le français n’y devenait la langue de l’enseignement que de façon transitoire : le temps de permettre aux petits Canadiens français de s’initier à la langue anglaise. Quant à l’enseignement du français lui-même, la loi le