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L’APPEL DE LA RACE

thèque. Virginia et Wolfred faisaient leurs délices de ces nouveaux volumes, pendant que Nellie et William en découpaient à peine quelques pages. Aux revues et aux magazines du salon de lecture il avait également ajouté les meilleures revues françaises et québecquoises, lesquelles obtenaient les mêmes succès et les mêmes froideurs que les volumes. Jusqu’où n’était pas allé son zèle de converti ? Toujours pour fortifier à son foyer l’atmosphère nouvelle, Lantagnac avait voulu substituer çà et là, dans les diverses pièces de sa maison, aux images et aux gravures, toutes hélas ! dans le goût américain ou anglo-saxon, des reproductions des meilleures œuvres de l’école classique française. Il y avait même mêlé quelques sujets de peinture canadienne. Ainsi, dans la chambre de Wolfred, un Dollard sonnant la dernière charge de Delfosse remplaçait, depuis quelque temps, un George Washington en grand uniforme de général. Dans la chambre de Virginia une bonne copie de la Jeanne d’Arc d’Ingres avait pris la place d’un vague sujet de Reynolds. Dans le couloir menant au grand salon, un Louis-Hyppolite Lafontaine s’était mis dans le cadre doré d’un lord Monck et un Louis-Joseph Papineau dans celui de lord Durham.

— Sans doute, c’était trop et trop vite ! ne cessait de se reprocher Lantagnac. Et alors il continuait de battre sa coulpe :

— Non, je n’ai pas su, je n’ai pas su. Qu’ai-je fait, en somme, pour préparer Maud à