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DANS LA GRANDE ARÈNE

frontières naturelles. D’un océan à l’autre la géographie confond nos deux territoires. Les frontières n’existent qu’à l’intérieur même de notre pays qu’elles séparent en trois zones impénétrables. Et ce ne sont pas là, hélas ! nos seuls éléments de divisions. Le Canada occidental est libre-échangiste ; le Canada oriental, protectionniste. Vous, Anglo-Saxons, vous êtes impérialistes ; nous, fils du Canada, sommes avant tout autonomistes. Quel est donc alors l’aveuglement criminel des hommes politiques de ce pays qui, à toutes ces causes de rupture, laissent ajouter délibérément le choc redoutable des conflits religieux et nationaux ? »

« Oui », reprenait le député de Russell, « les persécuteurs détruiront peut-être la confédération canadienne, en tuant la foi de mes compatriotes aux institutions fédératives, en ruinant le principe de l’égalité absolue des associés, principe qui fut le fondement de notre alliance politique. Car j’en avertis cette Chambre, notre race est trop fière pour accepter d’être brimée indéfiniment, sous la constitution qui lui a donné des égaux en ce pays, nullement des maîtres ou des oppresseurs. J’avertis également les hommes ambitieux qui nourrissent peut-être contre nous des desseins plus malfaisants : qu’ils bannissent de leur esprit les espoirs chimériques : notre race est trop forte pour succomber à leurs coups. Nous ne sommes plus, Dieu merci, la poignée des vaincus de 1760. Nous sommes un peuple de trois