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DANS LA GRANDE ARÈNE

refrain sonore où s’exhalait la promesse ardente de cette enfance guerrière :

Ils ne l’auront jamais, jamais,
Ils ne l’auront jamais, jamais,
L’âme de la Nouvelle France.
Redisons ce cri de vaillance :
Ils ne l’auront jamais, jamais.

Lantagnac et Virginia sortirent les derniers. Virginia qui chantait toujours avec les enfants, se serrait plus affectueusement contre son père. Lui, les yeux noyés d’émotion, sentait lui revenir ses troubles des jours passés. Le matin, il s’était levé résolu à ne pas parler. Le bonheur où, la veille au soir, Maud lui était apparu, après la nouvelle publiée par les journaux, avait commencé sa détermination.

— Evidemment, s’était dit Madame de Lantagnac, cette nouvelle n’a pu paraître qu’avec l’autorisation de Jules. Donc, grâces à Dieu, nous sommes sauvés du grand malheur.

Puis, lorsque tout à coup Maud s’affaissa dans son fauteuil, que le médecin eut parlé, Lantagnac s’interdit de replonger la pauvre femme dans ses alarmes, au risque du plus grave dénouement. Tout de bon, il crut son cas de conscience résolu par cet incident ; il en prit son parti. Du reste, une illusion subtile et bien faite pour tromper une grande âme, dominait maintenant son esprit. Il s’était dit :