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DANS LA GRANDE ARÈNE

à vibrer sous l’ébranlement d’une harmonie trop pleine qui demandait à soulever les voûtes. Agenouillé à l’un des derniers bancs, au fond de l’église, Jules de Lantagnac priait avec ferveur, en suivant des yeux les mouvements de la petite foule priante. Tout à l’heure, aux brèves paroles prononcées par le prêtre à l’évangile, quelque chose en son coeur avait frémi. Une fois de plus, il avait envié le sort de ses collègues de la Chambre qui, plus libres que lui, auraient l’honneur de servir la cause du droit. Son émotion avait encore grandi quand, à ses côtés, la voix de Virginia, mêlée à celle des enfants, s’était mise à chanter avec aisance :

Nous voulons Dieu, c’est notre Père,
Nous voulons Dieu, c’est notre roi !

Ce fut ensuite la communion, les longues files de voiles blancs et de petites têtes penchées s’avançant par les allées, vers les ciboires qui là-bas allaient et venaient. Quand la balustrade fut sur le point d’être libre, Jules de Lantagnac et sa fille s’approchèrent à leur tour. Graves et recueillis, ils s’en revinrent à leur banc, sentant sur eux les yeux de ces milliers d’enfants, embués, en cette minute suprême, d’une émotion et d’une prière ardentes, prière où le père et la fille, eux-mêmes le devinaient, avaient une part si grande.

La messe finissait. Après les oraisons habituelles, le célébrant, à genoux au pied de l’autel* récita à haute voix la prière des petits Ontariens