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DANS LA GRANDE ARÈNE

— « Une heure d’adoration ! » que je lui dis. « Mais tu n’as pas trou vé ça trop long, un petit bout comme toi ? »

— « Trop long ! » qu’elle me répond encore ; « imaginez-vous que je me suis oubliée et que j’y suis restée une heure et demie ».

— Ah ! la chère enfant ! s’exclama de nouveau l’épicière. Non, mais est-ce assez beau pour l’amour du Bon Dieu !

— Tout de même, c’est grand dommage ! ajouta le laitier, changeant de ton. Vous avez vu hier, la mauvaise nouvelle dans les papiers ?

— Non, pas vu, dit l’autre. Une mauvaise nouvelle ?

— Vous n’avez pas vu que M. de Lantagnac ne parlera pas à la Chambre cet après-midi ?

— M. de Lantagnac, le beau grand monsieur qui a parlé, cet hiver, dans le sous-sol du Sacré-Cœur ? Celui qui a un si beau verbe ?

— Justement.

— Et pourquoi ?

— Y paraît qui est empêché par des empêchements !

Un homme qui attendait, lui aussi, depuis quelques instants, que le flot des enfants eut laissé le trottoir libre, put entendre la dernière partie de ce dialogue. Il se tenait là, sous son haut de forme, très digne dans sa redingote de cérémonie, son paroissien à la main, donnant le bras à une jeune fille. Tout à coup, fut-ce un