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Dans la grande arène



Ce matin du 11 mai, de longues files d’enfants emplissaient la rue Chapel, depuis la rue Yorke, jusqu’à la rue Saint-Patrice et se dirigeaient vers l’église Sainte-Anne. Les petites filles, habillées en communiantes, s’avançaient lentement, comme une fraîche traînée de soie blanche, ondulant à peine sous le vent, coupée ça et là par le voile noir et la robe brune des Sœurs. Puis venait le flot des petits garçons, plus grouillants, plus causeurs, dirigés par des Frères en rabats blancs et en larges feutres. Sur les pas de leur porte, quelques braves gens regardaient passer la vivante procession.

— Où s’en vont comme ça les enfants des écoles, ce matin ? demandait une épicière au laitier que la petite foule épaisse empêchait de passer avec sa voiture.

— Vous ne savez pas ? reprit l’autre. C’est la journée des grands discours aujourd’hui pour nos écoles à la Chambre. Il faut bien prier un peu pour que les langues marchent bien.

— Ah ! tiens ! mais oui, dit l’épicière. Mais dites donc, vous en avez bien quelques-uns, vous, dans ce petit monde-là ?