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À LA RECHERCHE DU DEVOIR

temps ? Mais entendez donc les plaintes des propres inspecteurs du gouvernement : « Le Règlement XVII, gémissent-ils, embarrasse les écoles bilingues ; il est impuissant à les détruire ». Vous le savez comme moi, Lantagnac ? Partout où il l’a fallu, partout où l’Association d’éducation a pu faire parvenir ses commandements, sur l’ordre des commissaires, instituteurs et institutrices ont vidé leurs écoles à l’apparition de l’inspecteur gouvernemental. Ailleurs de petites et pauvres municipalités scolaires ont bravement refusé les allocations du ministère de l’éducation pour garder la liberté. Mais maintenant, je vous pose à mon tour cette question : nos gens auraient-ils ainsi bravé la loi, auraient-ils repoussé du pied l’argent des persécuteurs, si les coups de clairon des chefs, si les batailles livrées ici tout près dans Ottawa ne leur avaient révélé le prix auguste des choses en péril, n’avaient suscité un réveil de l’esprit national ?

La voix du Père Fabien s’était élevée soudain à cette éloquence batailleuse et tranchante qui donnait l’impression à ses auditeurs de soutenir contre lui une lutte à l’épée. Lantagnac écoutait, sûrement impressionné, mais toujours prêt à l’offensive.

— J’admets, dit-il, ces gains. Mais faut-il tant les exalter ? Ne sont ce pas là choses bien précaires ? Que ferons-nous demain, quand nos gens seront lassés, nos ressources épuisées, et que les assaillants reviendront à la charge ? Car