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À LA RECHERCHE DU DEVOIR

— Ce qu’il m’en semble ?…

Le député eut l’air de réfléchir. Puis il repartit avec une objection que, certes, en d’autres temps, ne se fut pas permise son esprit trop vigoureux.

— Il me semble, dit-il, que votre prudence, si je l’entends bien, fera presque inévitablement des intransigeants, des agitateurs irréductibles. En ce cas, je cherche ce que vous pourriez répondre aux gens qui viendraient vous dire : « Prenez garde, vous, les combatifs ; il faut des raisons très graves pour agiter un pays, un peuple, une race. L’ordre social doit être sauvegardé avant tout. Que les faibles, que les minorités abdiquent plutôt que de compromettre le bien supérieur de la paix ».

Le Père Fabien eut un haussement d’épaules :

— Ce que je répondrais à ces gens ? dit-il : ce que vous avez déjà répondu vous-même, Lantagnac, en empruntant vos principes à la prudence. A l’agitation je poserais ses conditions et ses limites. Elle en doit avoir. Mais ces réserves une fois faites, je dirais : « Allez, frappez juste, mais frappez ferme ». Puis, je demanderais à mon tour en quoi le défenseur du droit est plus que son agresseur un perturbateur de la paix publique ? Est-ce que le citoyen qui crie au feu dans la rue est un contempteur de l’ordre ? Est-ce que le propriétaire qui chasse le voleur à coups de bâton, trouble indûment la tranquillité sociale ?

Cette dernière riposte du Père Fabien parut impressionner son interlocuteur