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À la recherche du devoir

Pendant ce temps, au ministère fédéral, on ne voyait pas venir, sans beaucoup d’ennui, le débat du 11 mai. Ce n’est pas que les puissants se fissent illusion sur le résultat immédiat de cette parale parlementaire. Ce serait, au bas mot, une séance académique. Les deux camps échangeraient une bordée de discours ; on se lancerait quelques grenades, peut-être même quelques obus ; puis, le vote serait pris et la résolution Lapointe rejetée. Cependant le chef de l’opposition prendrait la parole. On redoutait son habileté, sa savante stratégie. Il ne manquait point de ministres ni d’amis du ministère pour se dire « Soyons sur nos gardes. Si le rusé parlementaire a décidé de s’engager dans le débat, c’est qu’il en espère un profit électoral ». Quelques ministres, parmi les jeunes, plus avisés que leurs collègues, s’inquiétaient pour un avenir plus lointain. Ils voyaient se constituer peu à peu au parlement un bloc québecquois solide. L’agitation scolaire dans quatre des provinces du Dominion, les projets trop démasqués des anglicisateurs conduisaient, selon eux, à la constitution de ce bloc qui finirait par tenir à sa merci tous les gouver-