Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/159

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
159
PRÉPARATIFS DE BATAILLE

— Le moyen, en effet, ne manquerait pas d’élégance. Seulement il y a une petite difficulté.

— Laquelle ? demanda Duffin, visiblement inquiet.

— Le poste est déjà promis, dit le ministre négligemment.

— Mais une promesse n’est qu’une promesse, fit l’autre.

— Sans doute, sans doute, concéda Rogerson. A la rigueur je pourrais voir le premier ministre et arranger les choses. Mais, dites-moi tout d’abord, quel espoir avez-vous que la tentative réussisse auprès de ce Lantagnac ? On le dit très orgueilleux, très en selle sur les principes ?

— Ceci, c’est mon affaire, dit l’Irlandais qui se frotta les mains. Je sais qu’il hésite. Il a refusé au reporter du Citizen que j’ai envoyé, moi, expressément auprès de lui, il a refusé de laisser publier dans le journal qu’il parlerait sûrement le 11 mai. Or un homme qui hésite, c’est un homme qu’on peut tenter, n’est-ce pas, Rogerson ?

Le ministre acquiesça de la tête.

— Seulement, reprit Duffin, devenu très onctueux, comme tout ouvrier est digne de son salaire, j’exige maintenant quelque chose en retour. C’est juste.

Et comme Rogerson devenait tout-à-coup pensif, l’Irlandais se hâta de reprendre :

— Oh ! n’ayez crainte, monsieur le ministre ; je ne vous demande ni argent, ni poste au sénat,