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PRÉPARATIFS DE BATAILLE

tants. Les cris des enfants montaient clairs et stridents vers le parlement de la nation, cependant que les grands murs grisâtres percés de fenêtres derrière lesquelles brillaient çà et là quelques lumières, restaient impassibles et hautains, image de la force qui méprise le droit. L’un des deux hommes dit à l’autre tout à coup :

— Lantagnac, vous le voyez : aujourd’hui les puissants, derrière ces murs, ne se dérangent guère. Ils font comme si ces cris n’arrivaient pas jusqu’à eux. Patience et vous verrez. Si Dieu le veut, — et il le voudra plus tôt qu’on ne le croit — ces enfants et leur cause auront leur audience au parlement. Ils l’auront, ne serait-ce que pour apprendre aux puissants qu’il y a des forces morales qu’on n’écrase pas, même en ce pays.

L’homme qui venait de prononcer ces paroles, avait parlé avec une singulière conviction. Une combativité contagieuse se dégageait de toute sa personne, de sa figure surtout où se mêlaient la bonhomie, l’ardeur méridionale, la vaillance exubérante du mousquetaire.

— Et que voulez-vous dire, Genest ? — car celui qui venait de parler, était bien le président de la commission scolaire d’Ottawa, — que voulez-vous dire avec cette audience ? avait demandé le député de Russell.

— Oh ! j’ai parlé peut-être un peu vite, fit le président, souriant ; un autre vous renseignera. Mais il est bon, ai-je pensé, que les