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L’ÉMANCIPATION D’UNE ÂME

de l’Association canadienne-française d’Ontario qui venait à peine de se terminer, il avait tenu l’un des premiers rôles. À la Chambre, il ne manquait jamais de protester, auprès du gouvernement, chaque fois qu’une brèche était faite aux droits de la langue française. Or l’affaire du Loyola venait dévoiler non-seulement que le champion de l’école française en l’Ontario faisait instruire ses propres enfants dans une institution anglaise, mais que le député de Russell défendait contre ses adversaires, des opinions qu’il n’avait pas même le pouvoir d’imposer à son propre fils.

Lantagnac se montra vivement affligé. Il regrettait l’incident, beaucoup moins pour la fausse posture où il apparaîtrait aux yeux de ses adversaires politiques, que pour l’impression douloureuse, le malaise qu’en ressentiraient ses amis, tous ses compatriotes persécutés. Lui, la droiture même, il prendrait ainsi devant les siens, l’attitude d’un homme dont les actes sonnent autrement que les paroles. Et que faire ? Nier la nouvelle ? Elle était vraie, péniblement vraie. Dès le premier jour, le Recteur du Loyola s’était hâté d’exprimer ses profonds regrets à M. de Lantagnac, lui exposant en quelles circonstances William avait accompli son coup de tête. D’autre part, le malheureux père pouvait-il songer à désavouer son fils, à faire savoir au public les raisons de famille qui avaient conduit le jeune homme dans une institution anglaise ? Rien qu’à l’énervement de Maud et de Nellie pendant ces jours,