Page:Groulx - L'appel de la race, 1923.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
120
L’APPEL DE LA RACE

— Non, vous n’en êtes pas là ? Vous n’en êtes pas là ? me dit-il, cessant de fumer et franchement atterré.

— Si, répondis-je ; je me le suis promis à moi-même comme à un homme d’honneur. Vous me comprendrez.

Le pauvre vieux ne comprenait rien du tout. Il me regarda quelques instants, fixement, avec des yeux où il y avait de l’ahurissement autant que de la tristesse. Il reprit :

— Lantagnac, est-ce vous qui parlez ainsi ? Un homme comme vous ? qui a votre rôle à tenir ? Vous est-il permis, sans dommage pour les intérêts mêmes que vous défendez, vous est-il permis de rompre totalement avec nos milieux, pour vous jeter dans un tel isolement ? Le pouvez-vous ?

— Rompre totalement ? ai-je rectifié ; non pas, mais je prétends bien que cette société ne doit plus être ma société habituelle ; elle ne le sera plus.

Il gardait le silence, la tête basse, replongé de nouveau dans une énigme qui l’effarait. J’ai continué :

— Vous, père Fletcher, qui mettez au-dessus de tout votre foi nationale, vous ne me blâmerez pas. Je sais ce que valent, allez, ces fréquentations de milieux étrangers. Inoffensives, avantageuses même elles peuvent l’être à celui qui a besoin de bons postes d’observation. Pas à moi qui n’ai plus rien à y apprendre et qui en