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LE COIN S’INTRODUIT

son grand optimisme, à la lecture du billet de Lantagnac.

L’oblat revint s’asseoir à sa table de travail.

— Cinq heures, dit-il ; dans une demi-heure Jules de Lantagnac sera ici.

Et il laissa repasser dans sa mémoire l’histoire de ses relations avec celui qui bientôt serait là dans son fauteuil. Il y avait deux ans que Jules de Lantagnac fréquentait l’oblat. Il y était venu une première fois pour une confession de Pâques. À dater de ce jour une intimité franche et complète s’était développée entre les deux hommes. Très ouvert, l’avocat ne cachait rien de sa vie à son confesseur. Et depuis quelques mois, celui-ci pouvait suivre, en l’âme de son pénitent, la courbe d’une passionnante évolution.

Jules de Lantagnac descendait d’une ancienne famille noble canadienne tombée en roture. L’ancêtre, Gaspard-Adhémar de Lantagnac, le premier et le seul de ce nom venu au Canada, appartenait à la petite noblesse militaire. Promu à la majorité des troupes de Montréal en 1748, puis fait chevalier de Saint-Louis, il devint, en la même ville, lieutenant du roi. De son mariage célébré à Québec avec Mademoiselle de Lino, Gaspard-Adhémar de Lantagnac avait eu treize enfants. L’un de ses fils, Pierre-Gaspard-Antoine, l’aïeul de Jules, parvint au poste d’enseigne dans les troupes de la Louisiane. À ce moment, la parenté de Pierre-Gaspard avec le Gouverneur de la Nouvelle-France lui permit d’obtenir, sous