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régime qui portaient dans leur cœur l’infini de la foi, et dans leurs yeux les horizons d’un continent. Cet héritage est à nous ; laissons à d’autres le goût de l’ignorer.

Puissé-je, du même coup, avoir démontré quelle mine très riche reste toujours inexploitée, et quel état social intéressant s’offre ici aux études des chercheurs, aux curieux des vieux états d’âme, à ceux qui croient que le parfum laissé au fond du vase garde la puissance de toutes les évocations. À peine commençons-nous de nous aviser de l’existence d’une histoire autre que l’histoire-bataille ou l’histoire politique, si grandes soient-elles. Nous ignorons presque tout de l’histoire économique du Canada et presque tout aussi de l’histoire intime de notre petit peuple, de la vie intérieure de nos anciens, vie originale et presque autochtone, vie riche et pleine dont la résurrection nous rendrait de si belles âmes, de si nobles cœurs, et ferait à nos annales de si profondes perspectives.

Ces recherches intéressent l’art autant que l’histoire. Notre régionalisme qui se confond chez nous avec notre personnalité littéraire, doit porter non seulement le cachet de la patrie, de sa figure matérielle, non seulement la couleur de nos mœurs et de notre vie actuelles, mais encore toute la substance du passé qui est aussi une part de nous-mêmes. Par les transmissions héréditaires, nous portons en nous les joies, les douleurs, les pensées, les amours de nos ancêtres,