Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/291

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment anglais consentait à verser au trésor irlandais quelques millions de livres par an. Un vainqueur n’aurait pu imposer de conditions de libération plus avantageuses.

Mais l’Irlande ou plutôt le ramassis de politiciens qui parlait en son nom, refusait cet affranchissement, parce que l’Ulster, selon sa volonté formelle, était soustrait à la domination irlandaise et obtenait un régime particulier.

La raison ?… C’est que l’Ulster est un pays de travailleurs, riche, et que l’Irlandais, catholique, ivrogne, ignorant, paresseux, politicien jusqu’à la moelle, ne voulait pas voir lui échapper une poire juteuse, bonne à presser.

Drôles de partisans de la liberté qui veulent bien la leur, mais la refusent aux autres.

Par contre, les Irlandais ont cela de bon que, lorsqu’ils ne cherchent pas à vous apitoyer sur leurs prétendus maux, ils savent se moquer d’eux-mêmes spirituellement. On n’a qu’à lire les romans de l’humoriste irlandais Birmingham, dont la plupart traitent de la vie irlandaise, pour être fixé à ce sujet.

N’était-ce pas Birrell, le Secrétaire pour l’Irlande qui, en plein Parlement, avouait qu’il s’était souvent demandé pourquoi à sa place on n’avait pas un jackdaw (corbeau) ayant pour fonction de crier de temps à autre : « Pauvre Irlande ! Pauvre Irlande ! Pauvre Irlande ! ».

Dans les premiers temps, la censure anglaise avait été assez convenable. Mais, par la suite, elle voulut, elle aussi, faire voir qu’elle était un peu là.

Deux de mes articles envoyés a la Libre Fédération furent échoppés avant de lui parvenir. Quatre autres furent arrêtés. Quels étaient-ils ? Je les ai oubliés. Mais je jugeai bon de réclamer. J’écrivis au chef censeur une lettre où, en résumé, je lui disais que je ne discuterais pas avec lui la légalité de la confiscation de mes articles, la censure n’étant elle même qu’une extra-légalité. Seulement mes articles ne comportaient aucun renseignement pouvant compromettre la défense du royaume, seul motif valable qui pût être invoqué. Que, s’ils avaient été