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loir reprendre la campagne dans les Temps Nouveaux en publiant le résultat de son enquête et de réclamer le dossier qui dormait depuis des mois.

Le dossier ne fut pas positivement refusé, mais le Comité ne pouvait pas s’en dessaisir momentanément. La demande renouvelée un peu plus tard rencontra la même fin de non-recevoir.

Mais de Marmande était un ami de Berthon, l’avocat de Rousset, et membre lui aussi du Comité de Défense. Il possédait le dossier et le communiqua à de Marmande qui, avec son esprit lucide, eut vite fait de l’analyser et d’en tirer le numéro volumineux que nous publiâmes.

À première vue, il faut l’avouer, le dossier semblait plutôt défavorable à Rousset. Aussi se dépêcha-t-on de nous accuser de porter préjudice à celui qu’il s’agissait de défendre.

Raynal, qui devait défendre le cas devant la Cour de Cassation, avouait ne trouver rien de valable en faveur de Rousset. Marmande passa la nuit avec lui à éplucher le dossier, lui indiquant méthodiquement, clairement, les contradictions, les mensonges, les manœuvres que cachaient les pièces. Le jugement fut cassé.

La campagne avait duré un an. En dehors du numéro exceptionnel, tout un numéro des Temps Nouveaux fut consacré à publier l’opinion des notabilités littéraires, artistiques, scientifiques et politiques que nous avions supposé devoir s’intéresser à un acte de justice.

Grâce à l’ampleur qu’avait prise l’affaire Rousset, nous envisagions de continuer l’agitation en la portant contre les Conseils de Guerre et contre Biribi. Les membres du Comité Rousset nous avaient promis leur concours. Mais, devant les imbéciles attaques du Comité de Défense, principalement, beaucoup de bonnes volontés furent découragées. La mise en liberté de Rousset qui devait être le point de départ d’une campagne plus générale, apaisa les revendications. Il n’y avait plus rien à faire.

Quant à Rousset, qui avait été magnifique alors qu’il était aux prises avec l’autorité militaire, qui avait risqué