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Notre dernière campagne fut en faveur de Rousset.

Aux compagnies de discipline, un soldat nommé Aernoult avait été tué par un gradé. Rousset, camarade de la victime, avait dénoncé le meurtrier. Il s’ensuivit une campagne de presse. L’autorité militaire dut faire un semblant d’enquête.

Pendant l’instruction, un autre disciplinaire fut tué par un de ses camarades. Rousset était présent. Ce fut lui qui fut accusé du meurtre.

La victime, qui n’était morte que quelques jours après la blessure reçue, se refusait à nommer le meurtrier, mais niait énergiquement que ce fût Rousset. Les témoins terrorisés n’osaient parler.

Aussi, lorsque, au procès du meurtrier d’Aernoult, il se présenta pour l’accuser, étant lui-même sous le poids de la même accusation, son témoignage fut considéré sans valeur. Le meurtrier d’Aernoult fut acquitté. Et lui-même passa en jugement et fut condamné pour un meurtre dont il était innocent.

Il ne cessa de protester de son innocence et de maintenir ses accusations.

Le Comité de Défense Sociale qui se donnait pour but de faire la guerre aux abus de pouvoir, aux actes d’injustice, comme le cas Rousset, s’était emparé de l’affaire et avait confié à de Marmande le soin de mener une enquête. Celui-ci sut ramasser pas mal de documents qu’il apporta au Comité.

Mais ce dernier trouva qu’il avait été dépensé trop d’argent. On se disputa, on se lança des accusations à la tête. Il y eut rupture entre le Comité et son mandataire.

Il y eut des séances orageuses où se firent jour de basses rancunes, mais dont il ne ressortit rien de positif.

Les accusations n’étant pas prouvées, le Comité accepta de passer l’éponge. Mais, écœuré, de Marmande donna sa démission.

L’affaire Rousset dormit quelques temps, le Comité de Défense n’ayant pas su tirer parti des documents que lui avait apportés de Marmande.

Guérin, Benoît, Girard et quelques autres amis du journal ayant fondé un groupe, le « Groupe des Temps Nouveaux », profitèrent de ce que l’affaire Rousset venait en cassation pour demander à de Marmande de bien vou-