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il se laissa condamner sous son nouveau nom et, son temps fini, signa de ce pseudonyme sa levée d’écrou. Ce fut pour cela qu’il fut envoyé au bagne. Alors qu’à la même audience où il fut condamné, on avait acquitté devant lui un individu qui, réellement, avait fait des faux, était poursuivi pour cela.

Courtois ne fut arraché du bagne qu’à la suite de l’affaire Dreyfus.

Le temps passait, ainsi, insensiblement lorsque, un jour, je lus que, dans le journal la Cocarde, un des rédacteurs, nommé Max Buhr, avait commencé une campagne en vue de me faire obtenir ma libération conditionnelle.

Sous le pseudonyme de Max Buhr, je reconnus tout de suite André Girard dont j’avais fait la connaissance du temps du Révolté.

Cela a toujours été ma pratique de relever les adresses que je trouvais dans les journaux, et d’envoyer, à ces adresses, des spécimens de notre propre journal. La plupart du temps ça ne produisait rien, mais, quelquefois, celui qui les recevait était intéressé et devenait un lecteur.

Girard avait écrit à je ne sais plus quel journal, je ne me rappelle plus à quel propos. Je lui avais envoyé quelques numéros du Révolté. Il m’avait écrit que le journal représentait les idées qu’il s’était formulées depuis longtemps. Nous avions continué nos relations.

Mais il était employé dans les bureaux de la Préfecture de Police. De là son pseudonyme. Ce fut à ce nom que je lui écrivis à la Cocarde pour le remercier de la campagne entreprise, mais que si j’étais détenu malgré moi, j’entendais bien ne demander aucune grâce.

Max Buhr publia ma lettre, se désistant de sa campagne devant ma désapprobation.

Nos lettres, comme celles des détenus de droit commun, étaient expédiées ouvertes, lues par l’administration, ainsi que celles que nous recevions. Le directeur me fit appeler. Il avait ma lettre à Max Buhr en main, lorsque je me présentai.

— Est-ce que vous pensez que le gouvernement va vous