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terait cher », Vaillant fut relâché. Gérard aussi, mais repris quelques jours après, il fut condamné à un mois.

Vaillant proposa aux colons de se rendre en masse chez le juge. Mais, déjà, ceux-ci s’étaient laissé endormir par les boniments des « conciliateurs » que leur avait envoyés la compagnie. Quelques-uns seulement acceptèrent de le suivre. Mais ils ne purent rien obtenir.

Vaillant, tant qu’il put, lutta pour lui et pour ses camarades d’infortune, mais l’inertie de ceux-ci rendit ses efforts inutiles.

Le travail se faisait dans des conditions déplorables, au milieu des tracasseries, des privations. Ébranlé par la fièvre, Vaillant, avec quelques-uns de ses compagnons, résolut de s’évader.

S’évader, c’est le mot, car leurs employeurs avaient tous les droits sur eux, même lorsqu’ils ne tenaient pas leurs promesses.

Ils s’embarquèrent sur des radeaux qu’ils avaient construits, et eurent la chance d’échapper aux postes de troupes échelonnées sur le territoire en vue, justement, d’arrêter les colons qui préféraient la fuite à la mort par misère.

Après huit jours de navigation, dont un passé sans manger, ils débarquèrent à San Carlo, où ils retrouvèrent les camarades partis avant eux.

Là, ils s’embarquèrent sur un bateau à vapeur qui les mena à Corrientes ou Vaillant retomba malade.

Guéri, il tenta de travailler, mais sans profit. Il partit pour Buenos-Ayres où la vie lui fut tout aussi difficile. Découragé, ayant perdu ses illusions, il repartit pour la France. On sait le reste.

Après le directeur, ce fut le gardien-chef qui vint me rendre visite. Sa première parole en me voyant écrire fut de me dire :

— Vous savez que vous ne pouvez rien sortir sans autorisation ?

Je le remerciai — intérieurement — de l’avis. Je prendrai mes précautions.

Pour passer le temps » j’avais écrit des projets de nou-