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sociétaire. Le mieux, comme vous le dites, est d’exciper de votre bonne foi, et de ne plus rien reproduire des membres de la Société, jusqu’à ce que vous ayez un traité avec elle. En octobre, veuillez renouveler votre demande d’un traité, et je vous promets qu’on examinera très sérieusement cette demande.

Veuillez agréer. Monsieur, l’assurance de mes meilleurs sentiments.

Émile Zola.

Je m’empressai de répondre à M. Zola :

Monsieur,

Je reçois votre lettre, je vous remercie. Seulement, à côté de la réponse du président de la S. des G. de L., j’ai vainement cherché celle du littérateur auquel je m’adressais. Je ne l’ai pas trouvée. Je regrette, nous ne nous entendons pas.

Je vous salue,
J. Grave.

Et, dans la Révolte, où je reproduisis ma lettre, j’ajoutai, en guise de « post-scriptum », ces quelques lignes tirées de la « Correspondance » de Flaubert :

… J’aurai même grand soin, dût-il m’en coûter cher, de mettre à la première page de mes livres, que la reproduction en est permise, afin qu’on voie que je ne suis pas de la Société des Gens de Lettres, car j’en renie le titre d’avance, et je prendrais, vis-à-vis de mon concierge, plutôt celui de négociant ou de chasublier.

G. Flaubert.

Mais j’entendais bien ne pas laisser s’endormir l’affaire. Me rappelant la campagne que certains littérateurs avaient menée autrefois contre Zola, je crus bon d’expliquer mon cas à quelques-uns, entre autres à Mirbeau, avec lequel j’étais en correspondance déjà. Je n’eus pas tort. Dans l’Écho de Paris du 4 août, parut, sous le titre : « À propos de la Société des Gens de Lettres », un article véhément, mordant, comme savait les écrire Mirbeau, exposant le cas de la Révolte. Ce fut une véritable levée de boucliers. Pendant quelques semaines, tous les journaux discutèrent les poursuites que nous intentait la Société des Gens de Lettres. Cette dernière et Zola passèrent de mauvais quarts d’heure.