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VIII
PRÉFACE

gné dans ce bagne : le travail ; il lui filoute sa liberté à toute minute entravée par les lois ; dès sa naissance, il tue ses facultés individuelles, administrativement, ou il les fausse, ce qui revient au même. Assassin et voleur, oui, j’ai cette conviction que l’État est bien ce double criminel. Dès que l’homme marche, l’État lui casse les jambes ; dès qu’il tend les bras, l’État les lui rompt ; dès qu’il ose penser, l’État lui prend le crâne, et il lui dit : « Marche, prends, et pense. »

— Eh bien ? fis-je.

Mon ami continua :

— L’anarchie, au contraire, est la reconquête de l’individu, c’est la liberté du développement de l’individu, dans un sens normal et harmonique. On peut la définir d’un mot : l’utilisation spontanée de toutes les énergies humaines, criminellement gaspillées par l’État ! Je sais cela… et je comprends pourquoi toute une jeunesse artiste et pensante, — l’élite contemporaine — regarde impatiemment se lever cette aube attendue, où elle entrevoit, non seulement, un idéal de justice, mais un idéal de beauté.

— Eh bien ? fis-je de nouveau.

— Eh bien, une chose m’inquiète et me trouble ; le côté terroriste de l’anarchie. Je répugne aux