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qui est reconnu vrai aujourd’hui, ne l’est que par suite de l’insuffisance de nos connaissances, une nouvelle découverte peut le controuver demain.

Ce serait vouloir cristalliser les connaissances humaines que de les centraliser en un enseignement unique, où tous seraient forcés de puiser. Nous savons tout le mal que nous a fait l’enseignement officiel, le retard qu’il a apporté au développement des générations passées et actuelles, et que la critique bien restreinte que l’on n’a pu étouffer entièrement, a seule pu contrecarrer un peu. Ne renchérissons donc pas sous prétexte de progrès, en créant des institutions qui feraient passer l’humanité dans un moule unique.

Ce qui retient aujourd’hui les parents de faire donner à leurs enfante une éducation intégrale, ce qui pousse certains à les envoyer à l’atelier plutôt qu’à l’école, c’est toujours sous diverses formes, la question d’argent. Malgré toutes les difficultés existantes de ce genre, malgré toutes les causes d’ignorance retenant les miséreux dans l’abjection la plus crasse, le nombre des illettrés s’amoindrit tous les jours. Comment veut-on que dans la société future, les parents quand ils ne seront plus tenus par cette question hallucinante, qui se pose éternellement à leur pensée : « Comment faire pour trouver à gagner de quoi manger à sa faim ? » veuillent malgré tout, faire des ignorants de leurs enfants, lorsque à l’heure présente les mêmes obscurantistes qui émettent des craintes, se plaignent de l’orgueil des « classes inférieures », de l’envie qui leur fait mépriser leur condition, et aspirer à monter plus haut, et en font remonter le tort à l’éducation obligatoire, regrettant les temps heureux où les individus croyaient au diable, aux sorciers, ne