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« Il pourrait se faire encore, qu’une mère, aveuglée par l’amour maternel, veuille, par exemple, à toute force, élever son enfant, quand il serait démontré que son état de santé ne le lui permet pas » ? Et mille autres détails ayant leur importance, qu’il est impossible de prévoir, mais auraient, soi-disant, chacun leur inconvénient, avec la liberté complète des individus.


Nous allons prendre, une à une, ces diverses objections, et tâcher de démontrer que le simple exercice de la liberté et des affinités naturelles, vaut mieux, pour aplanir toutes les difficultés, que l’exercice de l’autorité qui, elle, n’a jamais su qu’aggraver les situations embarrassées.

Si, se basant sur les lois naturelles, il est un être qui puisse, avec quelque raison, arguer de ses droits sur l’enfant, c’est, assurément, la mère. Plus que la société, plus que le père qui, somme toute, ne peut s’affirmer pour tel, que par un acte de confiance, — plus que qui que ce soit, la mère, seule, peut faire valoir des droits. C’est elle qui, après l’avoir porté de longs mois dans son sein, après avoir subi toutes les incommodités de la grossesse et lui avoir donné le jour, est la plus apte à lui donner les soins nécessaires à maintenir cette frêle existence qu’un souffle semble devoir emporter. C’est elle qui le nourrit pendant longtemps encore de son lait ; pendant de longs mois encore l’enfant a besoin du sein de la mère, c’est par lui qu’il fait corps avec elle pendant les premiers temps de son existence.

La mère a donc tous droits à conserver son enfant avec elle. En anarchie, du reste, il n’y aura pas de gendarmes pour appliquer l’arbitraire. Celles qui ai-