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parce qu’ils l’ont procréé et nourri, de lui donner l’impulsion qui leur plaira. Selon le bénéfice qu’ils croiront pouvoir en tirer, l’enfant sera dieu, table ou cuvette ; instruit ou ignorant, mendiant ou travailleur.

Toute autre sera la situation dans la société que nous envisageons. La famille n’étant plus régie par la loi ou par les considérations économiques, c’est l’amour et l’affection qui l’établiront. Au lieu d’être une charge de plus pour ceux qui l’adopteront, un être à façonner au mieux de leurs intérêts, l’enfant sera une petite créature à développer, à instruire, à aimer, à cajoler. N’étant plus talonnés par les soucis de l’existence, nul doute que les individus ne s’acquittent à merveille de leur tâche.


La famille n’étant plus régie par aucune loi, ici comms dans tous les rapports sociaux, c’est la diversité de caractères et de tempéraments, le libre jeu des aptitudes diverses qui aplanira les difficultés de la situation, permettra à chacun de trouver sa vraie place dans l’harmonie sociale sans heurts ni difficultés.

Il y a aujourd’hui des individus qui n’aiment pas les enfants, pour qui c’est un supplice d’avoir de ces petits êtres autour d’eux. La loi actuelle, en forçant ces individus à garder à leur charge leur progéniture, ou en mettant des entraves à leur abandon, est la cause de ces actes d’atrocité, de tortures journalières qui viennent parfois se dénouer devant les tribunaux, sans compter celles qui ne font aucun bruit.

Et, cette opinion du droit de propriété des parents sur l’enfant, est si enracinée que, nos vertueux défenseurs de la propriété, sous la pression de l’opinion publique, frappent bien les tortionnaires d’une pénalité