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Mais cela ne serait pas la seule amélioration, car nous, nous prétendons, que du jour où la contrainte et l’intervention officielle seront abolies, ainsi que les considérations économiques, les associations sexuelles étant plus normales, loin de se relâcher, deviendront plus stables et plus resserrées. La femme qui possède la véritable pudeur, ne se donne pas au premier venu. — Darwin prouve qu’il en est de même, du reste, chez les animaux, — il faut, lorsque la cupidité n’est plus en jeu, qu’elle se sente attirée vers un individu pour se donner à lui. Même en ce cas encore, que de luttes et de débats, avant l’abandon final ! Quelles meilleures garanties peut-on demander ?

Nous avons vu que, dans la société actuelle, les unions sexuelles étaient plutôt basées sur des considérations économiques que d’affection, c’est une des causes qui font qu’au bout de très peu de temps de cohabitation, les individus se prennent en grippe, et deviennent insupportables l’un pour l’autre ; surtout s’il s’est trouvé des déceptions à la suite de leurs « espérances ».

Dans les mariages même où l’amour a pu entrer pour quelque chose, l’éducation et les préjugés interviennent pour amener des sentiments de discorde. Les individus — homme et femme — sachant qu’ils sont liés pour la vie, d’une façon indissoluble, perdent graduellement ces petites attentions, ces prévenances qui sont ce que l’on pourrait appeler le piment de l’amour ; peu à peu, l’habitude, la satiété des sens, détachent insensiblement les amants l’un de l’autre ; l’homme et la femme oublient ces soins personnels que l’autre aimait au moment de leur « cour » ; chacun regrette l’idéal qu’il avait rêvé, et qu’il est loin