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tique du père, cherchait à replonger la femme sous la dépendance étroite du mâle, c’est ce qui nous a valu cette variété de lois et de préjugés sur les relations sexuelles.

Que de lois n’a-t-on pas faites, pour réglementer les rapports de l’homme et de la femme, que d’erreurs et de préjugés que la morale officielle a contribué à maintenir et à enraciner, mais que la nature s’est toujours plu à culbuter sans jamais se plier à leurs décrets arbitraires !

L’homme, en sa qualité de maître, trouve très bien de butiner sur la propriété du voisin ; cela est très bien porté ; même dans les sociétés les plus pudibondes, l’homme qui peut se vanter de nombreuses « conquêtes » est considéré comme un heureux gaillard ! Mais la femme-propriété, elle, de par la loi, de par l’éducation, de par les préjugés et l’opinion courante, il lui est défendu de donner libre cours à ses sentiments. Les relations sexuelles sont pour elle fruit défendu, elle n’a droit qu’à la copulation sanctionnée par devant le maire et le curé ! Et voilà comment il se fait que, dans un acte commis à deux, toute la honte est pour l’un et la gloire pour l’autre.

C’est que, disent les masculinistes, le mal opéré par les deux participants, n’est pas comparable. L’adultère de la femme risque d’introduire dans la famille des étrangers qui viendraient plus tard spolier les propriétaires légitimes d’une part d’héritage. De cet axiome capitaliste on peut en induire qu’il est très bien de faire du tort à son voisin, il n’y a de mal que lorsqu’on l’éprouve soi-même. Voilà la morale capitaliste dans toute sa splendeur. La femme-propriété, en ayant des complaisances pour le mâle