Page:Grave - La Société future.djvu/335

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’on réservait aux dirigeants était trop au-dessus de leur compréhension, que du reste, elle leur était inutile pour remplir les emplois qu’on leur réservait. Et c’est cette infériorité « acquise » que l’on nous présente aujourd’hui comme une loi naturelle !

Si les hommes avaient été moins infatués de cet esprit anthropocentrique qui leur fait rapporter tout à eux et dérive du même esprit que l’erreur géocentrique, ils n’auraient pas osé émettre cette hérésie scientifique. Mais, voyant démanteler peu à peu cette suprématie dont ils se glorifiaient, ils en tentent une dernière transformation[1] : la « virocentrie » qui, pas plus que les autres, ne repose sur aucune donnée réelle.

S’il s’était agi de deux races différentes, et sans rapports aucuns, nous comprendrions, à la rigueur, que la question eût pu se poser aussi à faux, sans doute, mais cela eût été à discuter. Mais entre les deux membres de la même famille, les deux souches également nécessaires à la perpétuation de l’espèce, il faut être idiot pour avoir soulevé la question.

Est-ce que l’homme se reproduit à part, et la femme de son côté, pour mieux donner naissance, l’homme à des fils, la femme à des filles, transmettant ainsi séparément leurs qualités et leurs défauts à leur descendance ? — Non, ils sont forcés de coopérer ensemble pour engendrer, indistinctement mâles et femelles. Chacun d’eux transmet ses qualités à sa progéniture, sans choix de sexe. Parfois le mâle

  1. Sans oublier les pédants qui veulent prouver la supériorité de certaines races et les sous-pédants qui viennent ensuite, pour affirmer la supériorité de certaines classes. Autant d’erreurs qui dérivent du même esprit.