Page:Grave - La Société future.djvu/332

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prouve aussi qu’ils ne sont pas encore arrivés à une compréhension complète de la solidarité de tous les êtres humains.

De cela, il en est résulté un courant d’opinion parallèle, qui, lui, ne s’occupant pas de la question économique, poursuit, dans la société actuelle, l’affranchissement de la femme, son accession à tous les emplois, sa participation aux choses politiques. Autre façon aveugle d’envisager les choses, autre inconscience de la situation. L’asservissement de la femme est une survivance de l’état de barbarie, qui a été maintenu dans les lois parce que l’homme la considérait, en effet, comme un être inférieur, mais, pour la femme riche, cet asservissement n’a été bientôt que purement nominal, ne s’est maintenu dans toute sa force que pour la femme prolétaire. Cette dernière ne peut s’affranchir efficacement qu’avec son compagnon de misère, son affranchissement politique ne serait qu’un leurre de plus, comme il l’a été pour le travailleur. Ce n’est pas à côté et en dehors de la révolution sociale que la femme doit rechercher sa délivrance, c’est en mêlant ses réclamations à celles de tous les déshérités.


Sans remonter aux Pères de l’Église qui discutaient sérieusement si la femme possédait une âme, que d’âneries n’a-t-on pas débitées là-dessus ! À l’heure actuelle, encore, nombre de savants affirment que la femme est un être inférieur. Pour la plupart, il est vrai, ce sont les mêmes qui parlent des « classes inférieures », quand il est question du travailleur, et soutiennent, mordicus, l’inaptitude de certaines races à pouvoir se hausser à un certain degré d’éducation.