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Les adversaires de l’anarchie accusent les anarchistes de créer en leur imagination, un homme parfaitement bon, sobre, dévoué, être idéal que ne fournira jamais la réalité. Nous, nous leur reprocherons d’en faire, pour les besoins de leur cause, un autre, non pas à leur image puisqu’ils se prétendent eux, doués de toutes les qualités qu’ils nient aux autres, mais à l’image d’une entité qui n’existe pas. Ils font de l’homme un être froidement féroce, égoïstement sot, tandis que tout son passé démontre au contraire, qu’il ne l’est que de par les circonstances et que son évolution tend à le sortir de cet état. Travaillons donc à ce que les circonstances ne le forcent plus à désirer la perte de son semblable.

Le désir d’arriver, l’amour du lucre ne sont que les produits de l’organisation antagonique de la société qui fait, aux individus, une loi d’user de tous les moyens dans cette lutte de tous les instants, pour atteindre le but avant leurs concurrents. Il faut qu’ils les écrasent s’ils ne veulent pas être écrasés eux-mêmes, et servir de marchepied à leurs vainqueurs. Telle est l’organisation de la société actuelle qu’il faut se boucher les oreilles pour ne pas entendre les cris de ceux qui se noient, afin de ne pas être tenté de leur porter secours ; loin de s’arrêter à leur tendre la perche, il faut, au contraire, les aider à s’enfoncer davantage, la foule des rivaux n’est-elle pas là, derrière vous, avançant toujours et qui vous écraserait sans pitié si vous faisiez mine de vous arrêter.

Quoi d’étonnant après cela, à ce que l’accord et l’entente entre les individus soient rendus si difficiles dans la société actuelle. Vous basez votre organisation sur la concurrence individuelle, sur l’extermina-