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rés de pouvoir jouir de leur labeur, et risqueront, à tous moments, de se voir arracher les produits de leur activité par les plus forts ou les plus rusés.

Nous avons vu qu’il était impossible à l’homme de vivre isolé. Pourtant ceux qui, en ignorants égoïstes, préféreraient vivre à l’écart, personne ne les en empêcherait, ils seraient libres d’accumuler, n’y trouvant de seul empêchement que l’impossibilité pratique de le faire d’une façon démesurée. Mais, en refusant leur aide aux autres, ils se retrancheraient d’eux-mêmes de l’aide d’autrui, n’en seraient-ils pas les premiers punis en y perdant plus qu’ils n’économiseraient ?

Que pourraient-ils inventer ou créer qui ne le fût avec plus d’avantages par les membres de l’association dont ils se seraient retranchés ? Un individu, quelle que soit son intelligence, ne tire jamais, armée de toutes pièces, une idée de son seul fonds. Il la puise d’abord dans ses études, dans ses lectures, dans les discussions qu’il a avec son entourage, sans compter qu’une idée quelconque n’est jamais que la transformation d’une idée antérieure. L’homme n’a donc aucun avantage à s’isoler des autres.


Dans l’explication que nous venons de faire du mécanisme des groupements, le lecteur aura pu comprendre tout l’avantage qu’il y avait pour l’individu d’en faire partie. En dehors de l’avantage immédiat de trouver un concours de force pour l’œuvre qu’il ne pourrait accomplir seul, l’individu trouve dans ses coassociés des amis qui sauraient au besoin le défendre si on voulait le molester.

Les hommes n’étant plus groupés par le hasard des circonstances, mais par leurs propres affinités, un lien