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sait s’adapter, que nous arriverons à nous faire une idée de ce dont il est capable pour l’avenir.

Ne méprisons donc pas la poésie et le sentiment, ce sont eux qui nous donnent la force de lutter contre les obstacles, embellissent les quelques heures de douceur que nous pouvons trouver dans l’existence. Le Beau, le Vrai, l’Amour, l’Amitié, ce ne sont que des sentiments, mais sans lesquels nous ne serions que des bêtes féroces. Ils sont devenus parties intégrantes de notre être, sans eux nous ne comprendrions plus la vie. Faisons que ces sentiments soient toujours gouvernés par la raison, ne les laissons pas emberlificoter de la sentimentalité pleurarde et filandreuse de ceux qui veulent les forcer à justifier les horreurs de l’heure présente, mais réclamons-nous d’eux hardiment, ils doivent être les régulateurs de notre idéal.


Nous avons vu précédemment que poser la question : l’homme peut-il vivre seul ? c’était la résoudre ; nous n’avons donc pas à nous y arrêter bien longtemps. Mais, en dehors des conditions économiques qui forcent l’individu à vivre en société, il y a des considérations d’ordre purement cérébral. En dehors de l’attraction sexuelle, chacun se sent attiré par tel ou tel caractère ; on éprouve le besoin d’échanger ses idées, on a besoin de l’estime et de l’approbation des autres. L’isolement est la plus grande torture dont les philanthropes modernes aient doté l’humanité ; la sociabilité est le vrai caractère de l’homme ; les misanthropes et les solitaires ne sont que des cerveaux détraqués ou des hallucinés. Et ce qui prouve bien ce caractère, c’est que ce sentiment de sociabilité a pu survivre et résister à toutes les injustices, à toutes