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gents pour assurer leur triomphe et ils se trouveraient arrêtés, dans la voie de leur émancipation parce qu’il n’y aura pas assez de truffes pour tout le monde ! — Le champagne manque, l’avenir de l’humanité est perdu ! Voilà l’idéal des socialistes et des bourgeois.

Nous, nous préférons penser, pour l’honneur de l’humanité, que les hommes assez intelligents pour renverser une société qui les exploitait, sauront s’entendre à l’amiable pour la répartition de produits en trop petite quantité pour pouvoir être distribués à profusion et qu’au besoin, les plus intelligents sauront faire abandon de leur tour à ceux qui ne le seraient pas assez pour attendre patiemment que vînt le leur.

Nous objectera-t-on que notre réponse est enfantine — elle n’est pourtant qu’appropriée à l’objection ! — que nous nous basons sur de la sentimentalité, sur la bonté d’un être idéal et non tel qu’il existe, etc. — Cherchons mieux, cela nous est égal.

« Il y a des produits dont la rareté ne permet pas que chaque individu en ait à sa suffisance, donc il faut un gouvernement qui évitera les contestations en les consommant lui-même ou en les distribuant à ses créatures », voilà le raisonnement des partisans de l’autorité. N’y aurait-il pas moyen de trouver une solution plus avantageuse ?

Dans la société actuelle, on voit des individus organiser entre eux, sans le secours de l’État, des sociétés de secours mutuels, des tontines où tous versent à la masse que chacun empoche quand vient son tour. Malgré les multiples causes de dissensions que fournit l’organisation sociale actuelle, cela marche et fonctionne aussi bien que ça peut marcher, dans une société qui est basée sur l’antagonisme des individus.