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avec leur outillage primitif, ce sera le meilleur moyen de les amener à arracher d’eux-mêmes les bornes de leurs domaines.

Les machines à vapeur lancées dans les plaines défonceront le sol, le fouilleront sans relâche pour lui arracher ses sucs nourriciers : un progrès entraînant l’autre, la chimie sera appelée à l’aide pour lui restituer sous forme d’engrais parfaitement assimilables et aménagés selon la production que l’on veut activer les éléments que l’on en aura tiré, sous forme de grain, de fruit, de racine ou de feuilles.

Ce n’est donc pas une hérésie scientifique d’affirmer que dans la société de l’avenir, la production pourra être portée à un degré tel, que nul n’aura besoin de limiter son appétit, ni utilité d’un pouvoir répartiteur.


On a insisté surtout sur ce fait, qu’il y a des produits tels que la soie par exemple, les vins fins, et autres du même genre qui ne pourront être créés de façon à satisfaire à toutes les demandes.

Si la révolution s’est faite, c’est que les travailleurs auront compris d’où venaient les causes de leur misère. Ils auront été assez intelligents et assez énergiques pour avoir su trouver et y porter le remède. C’est s’en faire une étrange idée, il nous semble, de supposer qu’ils pourront tout d’un coup redevenir assez stupides pour s’entre-déchirer les uns les autres, s’ils n’ont pas au-dessus d’eux, une autorité tutélaire pour leur partager un morceau de soie, un panier de truffes, une bouteille de vin de Champagne, ou tout autre objet dont la valeur ou la recherche n’est le plus souvent motivée que par sa rareté, n’a d’autre utilité