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tirent. S’il y a bénéfice matériel pour l’un, c’est qu’il y a perte pour l’autre, c’est qu’alors il y a tromperie, le « marquage à la fourchette » a fait son apparition.

À l’aurore de l’humanité, lorsque toutes les facultés de l’homme étaient concentrées sur la possibilité de vivre, l’homme pouvait bien échanger un objet contre un autre, mais ce n’était qu’un échange de services, qui s’opérait, il n’y avait encore aucune place pour le commerce, ni le capital. Ceux-ci ne firent leur apparition, que lorsque certains individus eurent appris à spéculer sur les désirs de leurs semblables et à se faire payer leurs services plus qu’ils ne valaient réellement. Ce dut être la survivance d’un souvenir semblable qui, chez les anciens grecs et romains, leur avait fait donner aux voleurs et aux marchands un dieu commun : Mercure !

L’évolution ayant pris cette direction, plus l’homme s’est développé, plus la spécialisation s’est accentuée, c’est ce qui fait que le commerce est devenu une institution que l’on retrouve déjà complètement établie dès l’aurore de l’époque historique. Plus les échanges se sont multipliés, plus les capitaux se sont concentrés entre les mains de ceux qui avaient formé la classe mercantile, mais l’ancienneté du vol ne peut justifier le vol actuel, et ceux qui en sont victimes ont le devoir de s’y soustraire.

La création de la valeur d’échange, c’est-à-dire la monnaie, a permis à ce vol de s’établir parmi les associations humaines, en faisant croire aux individus à une rémunération de services, tandis qu’on les spoliait d’une partie de leur production, en les trompant sur la valeur réelle des objets. Le capital n’est que le produit accumulé des vols que les générations passées