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mise en pratique du système cher aux Leroy-Beaulieu et aux Molinari. Voilà une application naturelle de leurs lois économiques que ces derniers n’avaient pas encore invoquée, et que nous nous faisons un plaisir de leur signaler.


Du reste, est-ce que dans la société actuelle, tout n’est pas organisé de cette façon. Les maisons de vente par abonnement, ces « œuvres si éminemment philanthropiques », ne sont-elles pas basées sur ce système. Tout le monde connaît les sommes énormes qu’elles sont « censé » perdre, par la mauvaise paye de nombre de clients qui, une fois en possession de l’objet désiré, ne veulent plus du tout entendre parler de liquider leur compte. Nous avons dit censé perdre, et le mot est exact, car ordinairement, l’objet n’est livré que lorsqu’il est déjà à moitié soldé, mais comme la maison a le soin de le tarifer quatre fois sa valeur, il s’ensuit qu’elle gagne encore dessus cent pour cent, sans compter des avances de fonds dont elle a joui sans rien débourser. Et voilà comment on fait crédit aux travailleurs !

Dans les sociétés de secours mutuels, associations pour l’achat ou la création de rentes, est-ce que le système n’est pas le même ? Ne sont-ce pas les cotisations de ceux qui ne seront pas malades qui paient les médicaments de ceux qui le seront ? Les versements de ceux qui mourront avant l’âge fixé qui formeront les rentes des survivants ? Et toute la société est ainsi basée au rebours du sens commun, où la solidarité est bien mise en œuvre, mais pour profiter tout aux uns en exploitant les autres. Organisée, surtout, de