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ces hausses ou ces baisses artificielles sont provoquées à volonté par des agioteurs qui inondent le marché ou font la rafle des produits sur lesquels ils veulent spéculer, ou tout simplement pour écraser le concurrent qui les gêne. La valeur des objets est donc purement arbitraire et ne repose sur rien de logique.

Jusqu’à présent, nous voyons que créer de la valeur c’est prélever une certaine somme sur le travail d’autrui, en servant d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur, somme que l’on baptise « bénéfice » pour se justifier de la mettre dans sa poche, et parce que l’organisation sociale est ainsi constituée, que cet intermédiaire dont on pourrait se passer dans une société normalement constituée, est rendu inévitable, par le fait que quelques-uns se sont approprié le capital qui manque aux autres.


Pour légitimer ce bénéfice que le capitaliste retire de son commerce, de son industrie ou autres opérations, les économistes nous font entrer en ligne de compte « les risques courus par le capital dans l’entreprise. » Nous n’avons pas besoin d’insister sur ce fait que le capital ne produit rien par lui-même ; qu’après avoir été acheté, un objet ne vaut intrinsèquement que ce qu’il valait auparavant ; il n’y a que le travail qui puisse ajouter à sa valeur, puisque valeur il y a.

S’il y avait des risques à courir et qu’il dût y avoir une prime à payer pour ces risques, en toute logique, c’est au travail qu’elle devrait être payée, puisque c’est lui qui a fourni le capital nécessité par l’achat. Mais ce sont les capitalistes qui font la loi. Ils en ont décidé autrement. Passons.

« Le capital que l’on aventure dans une entreprise,