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prévision, n’ayant le droit de frustrer ceux qui en auraient un besoin immédiat, l’épargne n’est bonne qu’à condition que personne n’en souffre. Voilà ce qu’oublie de faire valoir l’économie bourgeoise.

Mais cette appropriation personnelle sera rendue d’autant plus difficile, pour l’outillage et la propriété, du moins, que les individus ne sauraient que faire d’un sol, d’un outillage que, réduits à leurs seules forces, ils ne sauraient faire valoir et qui leur serait par conséquent inutile. Pour les logements, quelle que soit l’avidité de l’individu, elle sera bornée par la possibilité d’occupation. Pour ce qui est des produits de consommation, cette accumulation sera bornée par la durée de leur conservation et la possibilité de les loger sans attirer l’attention de ceux qui pourraient en avoir besoin. Aujourd’hui, le droit de propriété peut donner à un individu le droit d’accumuler des provisions capables de nourrir des milliers d’individus et de les faire pourrir sur place s’il lui plaît. Dans une société normalement constituée, cela serait impossible étant donné que ceux qui auraient faim, auraient droit de s’emparer de ce qui dépasse les facultés d’absorption d’un individu.

Chacun pouvant s’emparer de l’outillage que, par ses seules forces ou en s’associant, il pourra mettre en œuvre ; chacun étant maître du produit de son travail, impossibilité absolue de trouver des salariés. La vente étant abolie, ceux qui auraient un outillage à mettre en œuvre dépassant leurs propres forces, seraient bien obligés ou de s’associer sur le pied d’égalité à ceux qui pourraient les aider, ou bien de laisser cet outillage à ceux qui pourraient le faire produire.